Les plages du Prince
Un prince ismaïlien arrive par hasard au fjord naturel de Porto Cervo et en reste sous le charme. Nous sommes dans les années soixante : c'est le coup de foudre entre Karim Aga Khan IV, prince arabe et imam musulman, et un tronçon de Sardaigne sublime et sauvage, un diamant brut parfumant des senteurs du maquis méditerranéen qui, depuis les montagnes, se lance vers la mer, formant le décor de plages enchanteresses. Sa préférée devient la plage du Prince, un arc de sable blanc entouré de paysages magnifiques sur fond de profonde végétation protégée par le promontoire en granit rose. Unique pour sa beauté, mais ouverte à tous : une promenade de quelques minutes porte au cœur vert, rose, turquoise et bleu de la Côte d'émeraude, comme le prince rebaptisera cette partie de Gallura.
Sardaigne, depuis toujours la terre du vin
Selon les légendes grecques, ce fut Aristée qui introduit la culture en Sardaigne. Le héros s'y établit, séduit par la beauté de la terre, et donna à ses deux fils des noms qui rappellent l'agriculture et la viticulture, Kallikarpos, ‘des beaux fruits’ et Charmos, qui dériverait de la souche krmy (vigneron). De la mythologie à la réalité. Aujourd'hui il est certain que la viticulture sur l'île remonte au moins au XVe siècle av. J-C: d'après les archéologues, les botanistes et les chimistes, le vin le plus ancien de la Méditerranée occidentale était sarde, une sorte de cépage cannonau d'il y a plus de trois mille ans. L'hypothèse a été confirmée par l'analyse, à la fin 2016, des résidus organiques d'une presse en pierre retrouvée dans le village nuragique de monte Zara, près de Monastir, à peu de kilomètres de Cagliari. L'étude archéo-botanique a reconduit incontestablement au pressurage et à la fabrication du vin, en particulier du raisin noir. Il s'agit du pressoir le plus ancien de la Méditerranée, un témoignage de la grande compétence de la civilisation nuragique en matière de vinification. La découverte place la tradition viticole dans l'âge du Bronze moyen, même si la présence importante de vitis vinifera sylvestris mène à supposer une évolution encore plus précoce de sa domestication et de l’œnologie.
Monuments ouverts, à la découverte de trésors d'art et d'architecture
Splendeur, mémoire, authenticité et le sens de la communauté: il s'agit de la plus grande « mobilisation » populaire pour la sauvegarde, la valorisation et la promotion des biens cultures de la Sardaigne. La vingt-deuxième édition de Monuments Ouverts, candidate aux « Europe Nostra Awards 2018 », le prix discerné par l'Union Européenne pour le patrimoine culturel, mettra en vedette pendant sept week-ends le patrimoine architectural, historique et naturel de l'île: 800 lieux de culture, comprenant musées et sites archéologiques, églises et monuments historiques, merveilles naturelles et parcs, situés dans 59 communes sardes, dont 7 qui participent pour la première fois à l'initiative. Chaque communauté se raconte à travers des itinéraires littéraires, des parcours au sein de l'architecture urbaine marquée de siècles de revirements politiques, et de voyages dans le passé plus lointain, parmi les restes de civilisations antiques. Votre visite sera accompagnée par les « récits » de 18,000 volontaires, en grande partie des élèves de toutes les classes.
Des décors magiques où se dire oui
Une destination idéale à toutes les saisons, même pour se marier. Une terre évocatrice, romantique et fascinante : les couples qui choisissent les coins les plus suggestifs de la Sardaigne sont toujours plus nombreux. Beaucoup d’hôtes découvrent l’Ile pendant les vacances, y laissent un ‘petit morceau’ de cœur et, parfois, viennent le récupérer au cours d’un des jours les plus importants de leur vie. Certains se disent oui dans des lieux célèbres et merveilleux, d’autres le font dans des lieux moins connus, poétiques et évocateurs des passés archaïques, dans la paix bucolique ou loin des bruits du monde : un phare, une grotte, un puits sacrés, les files d’un vignoble ensoleillé, dans des jardins dont les parfums et les couleurs changent au cours des saisons. Les noces sont célébrées sur une grande partie de l’Ile : les époux y passent les jours qui précèdent l’événement et leur lune de miel, tandis que leurs invités en profitent souvent pour y passer quelques jours de vacances.
La grande beauté voyage sur le Petit Train Vert
« à la fin d’une longue montée nous arrivons dans une gare après une étendue de solitude. Chaque fois, il n’y a rien d’autre plus loin, rien d’habité. Et chaque fois nous arrivons dans une gare ». C’est la description poétique, à bord de la locomotive qui est aujourd’hui le Petit Train Vert, de Sea and Sardinia, un ouvrage dédié par David Herbert Lawrence à son voyage en Sardaigne en 1921. Un siècle plus tard, en suivant ses traces, les voyageurs du monde entier sont attirés par une ligne de chemin de fer unique en son genre, dérivée des ‘vecchie complementari’, conçues et construites entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Une excellence italienne, une expérience unique en Europe : quatre tronçons pour un total de 437 kilomètres, trois compartiments actifs depuis 130 ans sans arrêt, qui comprennent des ouvrages architecturaux et d’ingénierie, comme les ponts et les tunnels. Les lignes, qui n’ont jamais été abandonnées mais, au contraire, ont été conservées et protégées, relient les côtes à l’intérieur et se complètent par des excursions sur les lacs avec le bateau, le trekking, à vélo et à cheval. Vous pourrez monter sur le petit train durant les jours du programme saisonnier ou le louer en groupe : grâce à l’initiative Su Trenu Antigu, qui s’adresse aux amateurs, aux écoles et aux voyagistes, vous aurez une ligne de chemin de fer en exclusivité!
Les Bourgs, l'âme profonde de l'Ile
Elle ne ressemble à aucun autre lieu. C'est la Sardaigne vue par les premiers voyageurs et les hommes de lettres du passé : ils parlent d'une terre qui émerge lentement de la mer, décrivent le spectacle de la nature qui se révèle, enveloppée d'une lumière intense. Les montagnes qui dégradent vers les côtes parfois doucement, parfois à l'improviste, en encadrant des décors jamais les mêmes. De la mer à l'arrière-pays, le parcours est toujours bref et constellé de petits centres caractéristiques, une ‘âme’ intime de la Sardaigne. Sur les chemins qui conduisent au cœur de l'ile, accueilli par l'hospitalité chaleureuse de ses communautés, vous découvrirez la vie authentique et les traditions ataviques des bourgs. Vous vous perdrez dans des enchevêtrements de ruelles pavées, vous tomberez sur des édifices anciens, des monuments naturels, des héritages archéologiques, vous découvrirez des chefs-d'œuvres de l'artisanat et des goûts inimitables. Vous vivrez l'essence de la Sardaigne, sa véritable identité.
D’anciens rites et des symboles identitaires des mariages d'autrefois
Une polyphonie de chants, une harmonie de sons et de couleurs, un ensemble de rites ancestraux et de gestes symboliques qui incarnent l’esprit et les connaissances d’entières communautés, d’histoires de sentiments et de promesses d’amour, à conserver et à transmettre. Les mariages traditionnels de la Sardaigne sont l’expression de la foi et de l’authenticité, caractérisés par des rites, dont les racines se perdent dans la nuit des temps. Avec l’avènement du christianisme, les traditions païennes ne disparurent pas, elles furent transformées en pratiques religieuses. Il existe deux éléments clé : le feu et l’eau, les bases des formes ancestrales de la divination. Les mariages de la tradition sont également au nombre de deux et caractérisent l’été : dimanche 3 août, sa Coia maurreddina, monte sur scène, c’est l’évocation de l’ancien mariage de Santadi et des rites de la communauté agropastorale du bas Sulcis ; le 14 septembre c’est le tour de la 65ième édition de l’Ancien Mariage de Selargius, sa Coja antiga cerexina, la plus ancienne évocation fidèle et spectaculaire de l’historique mariage du Campidano, un des événements identitaires les plus célèbres de la Sardaigne, un triomphe de la culture traditionnelle avec une cérémonie fastueuse et une fête collective du folklore qui accueille à Selargius les usages et les coutumes de toutes les communautés sardes.
De merveilleuses falaises sculptées par le temps
Une galerie surprenante de paysages toujours différents. Voici comment se présente la ligne de côte de l’Île. Des étendues de sable blanc ou doré, parfois de quartz scintillants ou colorés de rose. Ou bien de douces dunes vierges. Ou encore des criques profondes et des falaises surprenantes modelées par le vent et par les vagues aux formes les plus originales et bizarres. Les falaises, les rochers, les tafonis sont de véritables installations artistiques sur la mer, des prodiges de la nature à portée de main, facilement accessibles en voiture, moto et vélo. Elles sont peu fréquentées, comme les promontoires solitaires qui entourent les charmants phares de l’Île et les innombrables tours côtières. Il y a toujours un côté abrité où l’on peut trouver la terrasse exclusive sur la mer, un coin réservé à vivre en liberté, loin de la vivacité des plages. Pour prendre un bain rafraîchissant parmi les reflets de lumière des rochers ou plonger depuis les ‘balcons sur la mer’, entourés de parois à pic, d’aiguilles et d’anfractuosités. Des lieux de paix où l’on peut assister à des aubes et des couchers de soleil inoubliables, en écoutant la musique de la mer.
Corsa degli Scalzi, les pieds nus dans le mythe
Un fleuve humain. Neuf-cents dévots curridoris, des hommes de tout âge, vêtus de la bure blanche, liée à la taille par un cordon, et nu-pieds prennent en charge le simulacre de santu Srabadori qui reproduit le Christ dans sa Transfiguration. L’armée de Salvatore’, menée par un porte-drapeau, se déplace en courant de l’église paroissiale de santa Maria Assunta à Cabras jusqu'au petit village de San Salvatore di Sinis. Sept kilomètres sans halte, entre la sueur, la poussière, les larmes et de fortes émotions. C’est le charme de la Corsa degli scalzi, une fête de la foi et du folklore qui, en 2025, débuta à l’aube du 6e septembre. Elle commence par la célébration de la messe. Puis, elle est suivie, dans une atmosphère solennelle et suggestive, par la procession le long des rues du village paré pour la fête. À 7h et demie, is curridoris sont prêts, anxieux de parcourir les sentiers de terre et poussiéreux des champs de la péninsule du Sinis, tandis que le soleil du matin est déjà chaud. Le sens de responsabilité et de fierté est dépeint sur leurs visages, ils représentent les ‘protecteurs’ de la communauté locale et évoquent une dévotion intense et palpable qui apparut quand un groupe de pêcheurs et de paysans du village sauva le saint des pirates sarrasins, au début du XVIIe siècle.
Des plages très appréciées
Une merveilleuse baie au sud-est, comprise entre la Marina di san Pietro et le rocher de Sant’Elmo, aux portes du long et magnifique littoral de Costa Rei. Cala de Monte Turno est une des perles de Castiadas qui a été choisie comme la plage la plus belle de 2018. Son arc de sable blanc et doux ‘casse’ le jeu des couleurs entre le bleu de la mer, le vert de la végétation et la roche volcanique foncée à proximité. À environ 15 kilomètres plus au sud, à la point sud-est de l’île, vous serez ébloui par la beauté de Porto Giunco, une oasis sans égal de la zone maritime protégée de Villasimius-Capo Carbonara. Choisie en 2014 comme la première parmi les sardes, elle fut ‘seulement’ la cinquième en général. Un chef-d’œuvre de la nature, où le bleu du ciel se confond avec le bleu des eaux, sur une ‘palette’ qui semble peinte par un artiste et qui a inspiré des metteurs en scène et des artistes comme décor de spots publicitaires. Tout autour, l’air est parfumé par des eucalyptus et le maquis, derrière l’étang de Notteri s’étend, c’est l’habitat des flamands roses, qui crée un effet très particulier, un coin de sable blanc au milieu de deux étendues bleues.