Thermes de Forum Traiani
La passion pour les eaux thermales de la Rome antique arriva jusqu’aux extrêmes périphéries de leur empire, une province importante et proche comme la Sardaigne ne pouvait pas manquer. Ils construisirent dans l’Île leur principal établissement thermal à Fordongianus, pour exploiter des eaux qui remontent très chaudes (à 54 degrés) à la surface en conservant leurs propriétés bienfaisantes.
L’histoire des thermes, cependant, ici, comme dans tant d’autres établissements thermales insulaires, est beaucoup plus ancienne, elle remonte à la préhistoire : les Sardes prénuragiques et nuragiques considéraient ces eaux comme sacrées et les utilisaient déjà pour se soigner. Des sources et des puits sacrés attiraient ici les populations proto-sardes d’autres territoires insulaires proches et lointains, en effet les plateaux autour du village actuel sont constellés de sites préhistoriques, parmi lesquels Casteddu ecciu et différentes nécropoles en domus de Janas.
L’ensemble thermal romain fut édifié au bord du fleuve Tirso, précisément sur le site de Caddas (chaudes, justement) que les Romains appelèrent des aquae ypsitanae. L’empereur Trajan voulut que l’établissement soit bâti en bordure du centre urbain de Forum Traiani, le grand marché d’échange entre les populations romanisées de l’arrière-pays derrière le golfe d’Oristano et les communautés du nord et du sud de l’Île. Avec la construction de l’ensemble le forum devint également un lieu de bien-être et d’agrégation sociale, en plus des baignades dans les piscines, on se promenait le long des portiques autour des bassins en discutant de politique et d’affaires : Forum Traiani devint une destination convoitée pour cultiver la santé physique et mentale et les plaisirs de la vie. L’architecture, avec portique, salles et bassins, est encore aujourd’hui imposante et fait comprendre combien elle devait l'être à l’époque de la Rome impériale.
Au centre de l’établissement on trouve une grande piscine rectangulaire réservée aux bains dans l’eau tiède (tepidarium), autrefois couverte d’une voûte en berceau et entourée de portiques où l’on faisait halte et on se reposait entre un bain et l’autre. Sur les côtés des bassins de captation et de mélange et le Nymphée, un grand bassin entouré de niches pour l’exposition de statues et de cippes votives, il y avait l’espace sacré pour le culte des pouvoirs curatifs des aquae calidae. Le circuit des piscines thermales est plus isolé, des bains chauds (calidaria) au frigidarium avec des vestiaires et des espaces réservés à la restauration.
Autour de l’établissement thermal on construisit des maisons patriciennes, ‘structures d’accueil ’pour héberger les visiteurs, des édifices pour les activités civiles et les cultes funéraires, aujourd’hui le plus souvent englobées dans le sous-sol de l’agglomération de Fordongianus qui, dans de nombreux points de sa trame urbaine affiche les marques des anciens vestiges. Avec la chute de l’empire romain, les thermes furent lentement abandonnés, le coup de grâce arriva au Moyen-âge, quand ils furent démantelés pour y construire des églises, couvents et lieux de culte. Seules les parties de l’établissement strictement thérapeutiques et quelques autres échappèrent à la nouvelle vision du monde, fort heureusement suffisants pour poursuivre la tradition thermale et à faire aujourd’hui encore de l’ancien Forum Traiani un lieu de bien-être par excellence.
San Francesco di Lula
Le Montalbo, dépouillé et impérieux, s’élève sur le fond, immédiatement derrière une colline sauvage. Un cadre austère et impressionnant accueille le lieu symbole de la spiritualité, où les fidèles de toute la Sardaigne se rendent en pèlerinage lors d’une double fête aux racines légendaires. C’est le sanctuaire de Saint-François, à un peu moins de trois kilomètres de Lula : c’est ici que deux fois par an, le premier mai et le 4 octobre, se perpètre un acte de dévotion qui compte parmi les plus caractéristiques et sentis de l’Île et que Grazia Deledda a décrit dans le roman ‘Elias Portolu’.
L’origine de la célébration remonte à un fait divers, l’accusation injuste d’homicide à l’encontre d’un brigand du bourg de Lula qui prit le maquis pour échapper à la condamnation et fut obligé de se cacher dans une grotte sur les collines environnantes. Une fois son innocence finalement prouvée, le brigand construisit la petite église en signe de reconnaissance. Toutefois l’édifice actuel est un remaniement de 1795 d’un édifice préexistant qui remonte probablement au XVIe siècle. Une statue en bois de Saint-François du XVIIe siècle de l’école napolitaine est conservée dans la salle.
À partir du moment de la construction, le sanctuaire ne fut pas uniquement un lieu de culte et une destination de pèlerinage de la part des habitants de Lula, par conséquent, pour accueillir les pèlerins et les participants aux neuvaines de toute la région de Nuoro et du reste de l’Île, on construisit, en grande partie dans l’ère moderne, les cumbessias, des maisonnettes en pierre caractéristiques tout autour du sanctuaire, destinées au logement et à la restauration des fidèles.
L’atmosphère mystérieuse liée au brigand légendaire, obligé de se déplacer sous couvert de l’obscurité, résonne dans la procession qui se répète deux fois par an. La marche démarre au cœur de la nuit de l’église de la Solitude de Nuoro, à plus de trente kilomètres environ vers le sanctuaire avec l’arrivée le matin suivant. Le pèlerinage du premier mai coïncide avec le début de la neuvaine qui se conclut le 10. Les protagonistes des deux célébrations, en mai et au début octobre, sont les traditions culinaires de la zone : vous pourrez savourer les plats typiques offerts aux fidèles. À commencer par su filindeu, des pâtes artisanales très particulières, cuites dans le bouillon de mouton et assaisonnées au fromage. Puis su zurrette, de toutes les ‘Barbagie’, un boudin salé de mouton ou d’agneau. Parmi les rites séculaires destinés au saint, sa bertula (la besace) se distingue, c’est un vœu pour lequel un échange est demandé. Dans une poche de la besace on couche un enfant malade et, dans l’autre, on dépose des offres collectées avec une quête de maison en maison. Et aussi sa pesada : sur une balance on offre de la viande d’agneau ou de veau– l’équivalent en poids d’un enfant malade.
Une fois la fête conclue, le moment de quitter le sanctuaire arrive : la statue de Saint-François retourne vers Nuoro, accompagnée par les fidèles à pied ou à cheval. C’est à s’Arbore, dans les campagnes de Marreri, qu’a lieu la rencontre avec les pèlerins provenant du chef-lieu, à l’occasion d’un buffet en plein air, suivi dans la soirée par la prise en charge de la statue, pour la dernière étape jusqu’au chef-lieu où le cortège parcourt trois fois le trajet autour de l’église du Rosaire pour s’arrêter ensuite devant la maison du nouveau prieur qui conservera la bannière jusqu’au mois de mai suivant.
Novenario di Santa Cristina
Un village au centre de la Sardaigne s’anime et se remplit de fidèles deux fois par an, en mai et en octobre, le reste de l’année il ajoute une atmosphère de mysticisme et de sacralité à un lieu en soi magique, où les rites du culte de l’eau se célèbrent depuis des milliers d’années. L’église de santa Cristina et son ‘novenario’ pittoresque (ndt. Zone autour d’une église ou d’un sanctuaire champêtre où se trouvent des logements en pierre destinés à accueillir les pèlerins durant les neuvaines qui précèdent les fêtes religieuses célébrées dans ces sanctuaires particuliers), composé de 36 muristenes (logements pour pèlerins), se dressent dans le parc archéologique et naturel de santa Cristina, sur le territoire de Paulilatino, dont l’habitat se trouve à environ quatre kilomètres. Le charme qu’émane le sanctuaire réside précisément dans l’union de témoignages nuragiques, médiévaux et modernes, dans un lieu qui est resté une zone de culte et de dévotion pendant des millénaires.
L’église a subi de nombreuses réfections qui ne permettent pas d’en reconstruire son aspect d’origine. Probablement à l’origine elle fut érigée dans un style romain, dont il reste des traces dans les parties les plus anciennes le long des murs périmétriques. Le plan est à nef unique, avec un petit clocher sphérique sur la partie gauche de la façade. Vous observerez la façade depuis une esplanade rectangulaire située devant, appelée su corrale, tout autour des logements pour les fidèles, des maisonnettes en pierre à la structure simple et en même temps intéressante. La façade d’une d’entre elles comporte une inscription portant l’année de la construction : 1730. Dans ce cadre, le dernier dimanche d’octobre les fidèles fêtent Saint-Raphaël, tandis que la célébration la plus sentie a lieu en mai, quand les muristenes s’ouvrent pendant neuf jours en accueillant les pèlerins qui arrivent en signe de dévotion à sainte-Christine. La tradition raconte qu’elle fut tenue prisonnière et martyrisée dans une des structures nuragiques voisines, donnant ainsi naissance au culte et au pèlerinage des fidèles.
L’église, en effet, est le trait d’union entre deux centres de témoignages importants et célèbres de l’âge nuragique, en faisant penser que les moines camaldules de Notre-Dame de Bonarcado qui la construisirent à cheval entre les XIIe et XIIIe siècles, voulaient rompre l’atmosphère archaïque et païenne du site nuragique. Le premier centre héberge la zone sacrée par excellence, entourée d’oliviers séculaires : c’est le temple puits le mieux conservé de l’Île, construit avec une précision géométrique impressionnante. Vous admirerez le vestibule, les escaliers et la pièce avec une voûte en tholos (fausse coupole) avec des anneaux concentriques. L’eau éternelle du puits, notamment dans certains moments de l’année, reflète la lumière du soleil et de la lune créant des jeux de lumière envoûtants. Le temple est entouré d’une enceinte sacrée, tout autour on trouve des restes de cabanes nuragiques, parmi lesquelles la principale, ‘des réunions’, avec un siège circulaire. L’autre centre héberge un nuraghe monotour remontant au XVe siècle avant J.-C. – plus ancien que le puits- et les traces d’un grand village.
Capo Marrargiu
Au nord de Bosa, le long de la bande côtière découpée qui mène jusqu’à Alghero, un promontoire de nature volcanique se détache, autour duquel s’alternent des rochers rosâtres de tuf, des criques et des anfractuosités. C’est Capo Marrargiu, si escarpé et isolé qu’il a accueilli au cours des décennies des espèces faunistiques majestueuses et rarissimes et, par conséquent, est devenu un parc biomarin. Vous l’atteindrez à travers des sentiers entourés de maquis méditerranéen, entre les myrtes et les lentisques, vous vous retrouverez dans un paysage hors du temps : sur le fond nord, Capo Caccia, en face de l’îlot de sa Pagliosa, au sud, les falaises de trachyte blanc de Bosa. Au pied du ‘capo’ s’étendent une série de petites criques de galets avec quelques parties sablonneuses qui plongent dans une mer bleu clair et bleu cobalt.
Par ici, les faucons pèlerins, aigles royaux et de Bonelli nidifient, mais le grand protagoniste est un autre rapace qui, non sans raison, donne un nom à cette partie de côte : le vautour fauve. Le parc est une attraction fatale pour les ornithologues amateurs, mais également un paradis pour les passionnés de randonnées palmées et de plongées : entre des ravins et de petites grottes, qui étaient autrefois des escales pour les anciens navigateurs de la Méditerranée, apparaissent des langoustes, mérous, murènes, ombrines, sargues, sébastes, thons et surtout des coraux, utilisés par les orfèvres de Bosa pour créer de splendides bijoux. La réserve naturelle, qui s’étend sur 160 hectares, accueille également toute l’aire du limonium bosanum du monde, espèce végétale endémique et exclusive du territoire du Marghine-Planargia.
Près de Capo Marrargiu vous trouverez également des traces d’archéologie industrielle, avec des restes de mines d'argent et de manganèse. Lors d’une excursion en bateau, sur la ligne de côte, vous pourrez remarquer quelques entrées de tunnels utilisés pour charger les minéraux extraits. En remontant vers le nord la ‘costa dei grifoni’ (côte des vautours fauves’ – qui s’étend jusqu’à la Riviera du Corail - vous rencontrerez Poglina, connue également comme la ‘plage corail’, un demi-kilomètre de sable clair en face d’une mer aux tons bleu vif sur le territoire de Villanova Monteleone. En continuant vers le sud, au contraire, vous trouverez une série de criques superbes, récompensées en 2020 par cinq vele blu de Legambiente : Torre Argentina, dont les rochers basaltiques rappellent un paysage lunaire, la magnifique Compoltitu et s’Abba Druche, caractérisée par des rochers plats et une eau verte et bleu claire. Aux alentours du bourg moyenâgeux de Bosa, vous pourrez vous détendre sur le littoral de Bosa Marina ou plonger dans la spectaculaire piscine naturelle de Cane Malu.
Su Crucifissu Mannu
La Nurra est une ‘mine’ héritage du passé, avec une concentration de dizaines de sites archéologiques répartis sur quelques kilomètres carrés. Un des plus intéressants se situe un peu en dehors de Porto Torres, à demi-caché, probablement pour continuer à protéger les secrets qu’il a conservés pendant des millénaires. C’est la nécropole de su Crucifissu Mannu, ensemble de domus de Janas creusées dans un banc de roche calcaire. À ce jour, 22 tombes ont été trouvées ; elles ont été construites à partir du Néolithique récent (3200-2800 av. J.-C.) et constamment utilisées jusqu’au Bronze ancien, aux alentours du XVIe siècle av. J-C. Depuis 2025, le site figure — avec 16 autres nécropoles — sur la liste des sites sardes classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les hypogées sont toutes pluricellulaires, à savoir composées de plusieurs pièces, auxquels on accède à travers une entrée en puits verticale ou à dromos (corridor) descendant. La structure est typique des domus qui ont été trouvées dans la région de Sassari, avec antichelle, cellule et pièces qui s’ouvrent dans les parois de la cellule principale.
Trois tombes, notamment, resteront gravées dans votre mémoire : la tombe VIII présente deux petites pièces à la fin du dromos, puis une grande cellule quadrangulaire et dix autres pièces se disposent autour de celle-ci. Une porte surmontée de deux protomés inscrits s’ouvre sur un mur de la pièce. La tombe XII compte 15 pièces, articulées de manière complexe : certaines chambres funéraires se développent à partir d’une ouverture sur le mur droit de l’antichelle, d’autres autour de la cellule principale au-delà de la porte, dont vous noterez le couvercle installé sur le seuil. La tombe XXI vous surprendra par ses décorations : elle présente, en effet, dans les différentes pièces, des protomés taurins dotés de cornes en demi-lune, de fausses portes et de traces de colonnes de soutien des voûtes.
À l’intérieur de la nécropole, on découvrit de nombreux objets de mobilier funéraire, utiles pour dater avec précision la fréquentation de la nécropole, et également des restes squelettiques, deux desquels montraient sur le crâne des marques de trépanation. Ce n’était pas une opération effectuée sur les défunts, parce qu’au moins dans un cas, la personne survécut à ce rite mystérieux. Certains hypogées ont perdu leur couverture, à cause de l’enfoncement dû au passage à la surface de la route reliant Turris Libisonis et Karales (ancêtres romaines de Porto Torres et Cagliari). C’est au parcours de la voie qu’est liée une autre énigme de su Crucifissu Mannu, représenté par une série de sillons rectilignes gravés sur le plan rocheux. L’hypothèse la plus créditée est qu’ils dérivent des chars romains qui transportaient des blocs de calcaire vers le port, du fait d’un changement de parcours découlant d’écroulements dans la nécropole. Selon une autre théorie, au contraire, ils pourraient remonter à la période nuragique et être liés à des rites encore inconnus. En matière de mystères et de religiosité, à moins de six kilomètres de la nécropole vous pourrez admirer un unicum en Europe, le temple à ziqqurat de Monte d’Accoddi, un autel sacré majestueux datant quasiment de la même époque que su Crucifissu Mannu.
Torre Argentina
La route provinciale 49 qui relie Bosa à Alghero, est l’une des plus belles routes panoramiques de la Sardaigne. Elle est caractérisée par des paysages multicolores, d’intenses parfums et une sensation de liberté en contact étroit avec la nature, interrompu seulement par quelques refuges isolés de bergers. Le long de la route, à sept kilomètres environ de Bosa, en regardant la mer, un paysage irrésistible apparaît : c’est le promontoire de Torre Argentina, sur lequel se dresse une forteresse de garde depuis plus de cinq siècles. À ses pieds, une succession de criques entourées de blanches falaises calcaires et ponctuées de basaltes et d’écueils plats, d’un aspect quasiment lunaire. La mer qui s’ouvre en face est d’un bleu cobalt intense. À cinquante mètres du rivage un îlot rocheux surgit, il est connu comme l’île de sas crabas (des chèvres). Le panorama à l’arrière se compose d’étendues de maquis alternées par des prés verts. La tour fut érigée dans un but défensif durant les dernières décennies du XVIe siècle. Elle hébergeait une petite garnison et un armement léger et permettait un contact visuel constant avec la tour de Bosa et, encore plus au sud, avec celle de Columbargia. Au coucher du soleil, son profil solitaire foncé, en contraste avec les couleurs chaudes et vives du soleil, vous offrira une intense émotion.
Depuis la tour, vous pourrez suivre différents parcours de trekking le long de la côte, au milieu du romarin, myrte, ciste et hélichryse. Vers le sud vous arriverez à cala sa Codulera, une plage de galets baignée par une mer au fond bas et limpide, idéal pour le snorkeling. En continuant au-delà, une rade renferme la petite plage de Compoltitu, avec du sable et des falaises calcaires teintées de blanc. De nouveau sur la route panoramique, un peu plus de dix kilomètres au nord de Torre Argentina, vous pénètrerez au cœur de la ‘côte des griffons’, une bande côtière devenue le royaume de ce rapace rare. C’est ici que s’étend le parc biomarin de Capo Marargiu : outre le griffon, les aigles royaux et les faucons pèlerins y font leur nid. Au pied du promontoire, les fonds ne sont pas en reste en termes de richesse et variété de la faune. Entre les grottes marines et les anfractuosités, des langoustes, mérous, congres, raies et sars apparaissent. Les coraux donnent une touche de couleur plus caractéristique. Avant de revenir sur l’asphalte de la route provinciale, il est impossible de ne pas jeter un autre coup d’œil au panorama : à droite Cap Caccia, en pleine mer quelques îlots rocheux, parmi lesquels sa Pagliosa et, vers le sud, les blanches falaises trachytiques du littoral de Bosa.
Oasis de Seu
Sur environ cent hectares, elle renferme des aspects environnementaux et naturels les plus caractéristiques de la péninsule du Sinis. L’oasis de Seu comporte une étendue de maquis qui arrive à recouvrir jusqu’à la falaise à pic sur la mer le promontoire nord de la baie de San Giovanni di Sinis, délimitée sur le côté opposé par le cap San Marco. Sur le territoire de Cabras, le paysage est dominé par la Tour du Sevo, en sarde campidanais Turr’e Seu, dont la zone naturelle, comprise à son tour dans la zone marine protégée du Sinis et la petite plage voisine ont pris le nom.
L’oasis doit sa conservation à la volonté des propriétaires terriens qui en prirent possession au début du XXe siècle, en la transformant en réserve de chasse. La zone devint ensuite une oasis faunistique gérée par le WWF, conservant ses caractéristiques sauvages et intactes qui la caractérisent encore aujourd’hui. Vous marcherez entre les myrtes, lentisques, romarins, palmiers et genévriers nains, cistes, genêts et orchidées. Un bosquet de pins d’Alep trouve également place, tandis que les parties sableuses au pied de la falaise abritent des dunes recouvertes de lis de mer. Au milieu de la végétation, les perdrix, les huppes, les alouettes et des rapaces comme la buse et le faucon crécerellette trouvent refuge. Parmi les rochers, les cormorans, les mouettes corses et les hirondelles de mer tournoient, tandis qu’entre les dunes il n’est pas impossible de voir des tortues, des renards et des lapins sauvages.
Quasiment à pic sur la mer la Tour del Sevo se dresse, c’est une forteresse érigée par la Couronne espagnole à la fin du XVIe siècle. Sa forme est tronco-conique, avec un diamètre à la base de plus de sept mètres et une hauteur de quasiment de dix mètres. L’entrée se trouve à environ quatre mètres du sol et mène à une pièce avec coupole. Sur la gauche, un escalier monte jusqu’à la terrasse où des canons trouvent place dans le parapet. Depuis la tour vous admirerez un panorama exceptionnel, spécialement au coucher du soleil : à votre droite le littoral avec les trois ‘joyaux’ du Sinis : Maimoni, is Arutas et Mari Ermi, caractérisés par des grains de quartz colorés ; vers la gauche, votre regard suivra la ligne de côte qui se termine au cap San Marco. La petite plage de Seu s’étend dans une baie juste à l’est de la tour, composée de sable clair avec des reflets ambrés et quelques galets. La mer est limpide, avec des nuances bleues, turquoises et vert émeraude, le fond est bas et sableux. La plage de Caogheddas apparaît sur le côté opposé du promontoire, elle est plus grande et a deux particularités : un îlot qui émerge en face et l’épave d’un bateau à vapeur, en partie échoué et en partie englouti à environ cent mètres de la côte. Grâce à la faune piscicole qui en peuple les restes, l’épave engloutie est la destination habituelle de nombreux passionnés de snorkeling.
Pedra Mendalza
Né grâce à un phénomène géologique particulier, il surgit sur un haut-plateau entre des nuraghes et des reliefs volcaniques et est le théâtre de nombreuses légendes avec comme protagonistes les janas, les fées de la mythologie sarde. Sa Pedra Mendalza, au sens littéral « la pierre qui nettoie ou répare », est un bloc de basalte d’environ cent mètres de haut qui émerge tout près du village de Giave, dans le magnifique paysage dessiné par les cratères volcaniques du Meilogu. Dans le langage géologique on l’appelle un neck, formé grâce à un processus qui a probablement commencé il y a deux millions d’années, à la suite de l’obstruction et de l’extinction d’un volcan. Avec le temps, l’eau et le vent ont patiemment érodé le cône, tandis que le « bouchon » de magma interne s’est solidifié, tout en se maintenant jusqu’à la forme actuelle.
On suppose que la ‘pierre’ était considérée comme sacrée dès l’Antiquité, comme en témoigneraient les différentes églises dans les environs. Les légendes qui l’entourent sont originaires de là et ont toutes un point en commun : l’intérieur de l’ancien volcan serait habité par des janas, les fées qui demeurent dans les cavités et les anfractuosités naturelles de la Sardaigne. Le côté nord-est plus lisse que les autres, et présente à la base une sorte de ‘tache’, où se trouverait une entrée secrète. C’est de là que se ramifie également su camminu de sas fadas (le sentier des fées), c’est en réalité une bande de basalte créée par un fleuve de magma qui a coulé du volcan et a rempli les craquelures du sol calcaire. À travers le sentier, les fées magiques erreraient dans la nuit à travers les villages voisins, à la recherche du ‘feu purificateur’, un élément auquel se lie probablement l’origine du nom mendalza. En outre, la roche contiendrait trois coffres, un plein d’or, un d’argent et le troisième peuplé par les redoutables muscas magheddas (ou maceddas), des mouches monstrueuses qui ont le pouvoir de dévaster des villages entiers.
Tout près du bloc de basalte vous pourrez observer et accéder, prudemment, à la base d’un autre cratère volcanique qui s’étend sur deux hectares environ. Depuis 1994, les cratères du Meilogu sont des monuments naturels protégés. Le plus caractéristique des cinq appartenant au complexe surgit à environ un kilomètre au nord de Pedra Mendalza : c’est le mont Annaru-Poddighe. Avec ses presque 500 mètres de haut, il présente un cratère pratiquement intact. Pendant les mois froids, vous pourrez observer un petit lac, tandis qu’au printemps et en été vous pourrez descendre à l’intérieur et en observer la structure. Le territoire de Giave fascine pour la géologie, mais pas seulement, il donne sur la Vallée des Nuraghes, une des zones à plus forte densité de forteresses nuragiques. Le particulier nuraghe Oes, avec deux tours, un donjon à trois étages et une tour secondaire qui contenait une ancienne chambre, en fait partie. À côté on trouve un espace sacré, avec un temple à megaron, la tombe des Géants et ce qui était très probablement un cercle mégalithique.
Porto Cervo
Porto Cervo, la capitale incontestée de la Costa Smeralda, est une portion de côte du centre d'Arzachena, en Galluria, avec quelques centaines de résidents. En été, elle devient un défilé scintillant et extraordinaire de bateaux, yachts et personnages célèbres : sur la piazzetta il est facile de se rencontrer pour faire du shopping avec des stars du cinéma et de la télévision. Chaque jour consiste en un série de rendez-vous avec la jet-set internationale : des fêtes, des mondanités, des événements sportifs, notamment le golf.
Le bourg au bord de la mer a été construit autour d'une crique naturelle qui rappelle un cerf. Le vieux port remonte aux années Soixante du XXe siècle, quand doté d'une intuition géniale, le prince Karim Aga Khan IV, fasciné par la beauté de cette côte, décida d'acheter les terres de cet angle de Gallura et, avec l'architecte français, Jacques Couëlle - assisté par la suite par certains architectes italiens - de créer le paradis du tourisme international d’élite. Les travaux pour la construction du nouveau port touristique commencèrent au cours des années Quatre-vingt, c'est aujourd'hui un des plus grands et des mieux équipés de la Méditerranée (700 places pour les bateaux), le siège du Yacht club Costa Smeralda, un club prestigieux qui est l'organisateur de régates à voile internationales. En marchant sur les quais, vous admirerez les bateaux de riches personnages.
Le centre de Poltu Celvu (dans la langue de la Gallura) est construit sur un niveau rehaussé par rapport au port. De la piazzetta delle Chiacchiere jusqu'au Sottopiazza, il existe un enchevêtrement de ruelles, de fenêtres, de petits balcons - construits dans un style qui est devenu celui de la Costa Smeralda - de magasins et de boutiques de marques prestigieuses. Tout autour, les restaurants les plus prestigieux, les hôtels de luxe, les établissements les plus à la mode, le centre de la vie nocturne de la côte. Les villas splendides grimpent jusque sur les collines environnantes, enfouies dans le maquis. Durant le projet, le prince et ses collaborateurs pensèrent pouvoir créer une architecture en mesure de conserver le plus possible la continuité avec l'architecture locale typique, en l'insérant parfaitement dans l'environnement : ce qui fut la clé du succès. À propos d'architecture, il ne faut absolument pas manquer l'église Stella Maris, l'œuvre de l'architecte Michele Busiri Vici, qui domine Porto Cervo marine.
Tout près du centre touristique des plages incroyables resplendissent. L'étendue bombée de sable très blanc et doux du Grande Pevero, longée par des rochers granitiques modelées par le temps et par le maquis, s'immerge dans les reflets turquoises, vert et bleu de la mer. Au dos, des terrains de golf très soignés s'étendent et rendent la localité une destination très appréciée des golfeurs passionnés. Séparé par un promontoire, vous trouverez le Piccolo Pevero, une petite plage dont la longueur est inférieure à la moitié de celle de sa « grande sœur ». Au large, vous pourrez admirer les petites iles de Li Nibani, « les mouettes ». Deux kilomètres plus au sud, vous trouverez d'autres merveilles : le Romazzino et la spiaggia del Principe (« La plage du Prince » en l'honneur de l’Aga Khan). À la base opposée du promontoire « émeraude », vous serez extasié par de délicieuses criques, parmi lesquelles Cala di Volpe et Liscia Ruja. Encore plus au sud, vous ne pouvez pas manquer le paradis de Cala Capriccioli, de petites plages de sable très fin et clair, protégées par des rochers de granite jaune, rose et rosâtre. Dans la langue locale, le nom signifie « chevrettes », autrement dit, une paire de rochers lisses, puissants et arrondis qui forment différentes criques. À l'est, le lido est l'idéal pour les familles, à l'ouest, le côté est formé par les plages « del Pirata » et « delle Tartarughe ». Le panorama est enrichi par les iles de Soffi e delle Camere et de l'ilot de Mortorio.
Le Musée des masques de la Méditerranée
C’est un point de contact entre les traditions sardes et d’autres régions méditerranéennes représenté par les masques de Carnaval et dévoilé dans un lieu de culture unique en son genre. Le Musée des Masques de la Méditerranée de Mamoiada, un village de la région de Nuoro au centre de l’Île, connu dans le monde entier pour Mamuthones et Issohadores, concentre l’attention sur la matrice commune entre les rites insulaires, notamment de la Barbagia, et ceux qui sont typiques d’autres civilisations de terres plus ou moins proches, baignées par la mer.
L’attention du parcours muséal est tournée vers l’usage diffus de masques faciaux en bois avec des formes d’animaux et grotesques, de peaux de brebis et de mouton, de sonnailles et d’autres objets qui produisent des sons assourdissants. D’après les travestissements, typiques des communautés de paysans, on reconnaissait une influence sur le cours de l’année agricole : malgré leur aspect effrayant, leur visite était attendue et appréciée, car c’était une occasion de les rendre favorables en leur offrant de la nourriture et du vin.
Le musée vous permettra d’approfondir la connaissance de l’identité locale, à partir des masques ‘de maison’ des Mamuthones et des Issohadores, et de comparer les affinités et les ressemblances avec des pièces provenant de différents Pays de la Méditerranée. Votre visite commencera par des images, des textes et des sons qui racontent les interprétations avancées sur l’origine des Mamuthones. La pièce maîtresse est le masque de Mamuthone le plus ancien, datant probablement des premières années du XXe siècle. La salle du Carnaval de la Barbagia vous présentera une série de masques du centre de la Sardaigne : Boes, Merdules et Filonzana d’Ottana et Thurpos d’Orotelli. La troisième pièce, la salle de la Méditerranée, est dédiée aux carnavals de l’arc alpin et des péninsules ibérique et balkanique ; vous découvrirez les affinités avec les carnavals sardes.
Une fois l’expérience culturelle à Mamoiada complétée avec la visite à la maison-musée, grâce aux guides du musée, vous pourrez faire des excursions aux laboratoires artisanaux, sites archéologiques voisins, au Supramonte et aux murales d’Orgosolo.