Uri
Un village niché entre les collines et les vallées près du pittoresque lac Cuga, habitat d'oiseaux aquatiques rares et paradis de la pêche sportive, animé en août pendant le festival de Kuga. Trois mille personnes vivent à Uri, qui se trouve dans la partie nord-ouest de la sous-région Logudoro de Coros. Elle se trouve à 15 km de Sassari et à 18 km d'Alghero. La région est caractérisée par des pics austères de calcaire, de basalte et de trachyte qui alternent avec des collines légèrement ondulées, drapées de broussailles méditerranéennes ou de champs cultivés de céréales et d'artichauts, de vignobles et d'oliveraies. L'agriculture est le pilier de l'économie locale et Uri est connue pour ses vins fins, son huile d'olive de qualité - la ville est membre des Villes de l'huile d'Italie - et ses artichauts, qui sont célébrés lors d'un festival en mars, l'une des manifestations agricoles les plus importantes et les plus populaires de Sardaigne.
Il y a aussi, bien sûr, des fêtes religieuses. La principale est celle de la mi-septembre pour la Madonna della Pazienza, à laquelle une église a été construite au XVIe siècle. À une dizaine de kilomètres de la ville se trouvent les ruines de Nostra Signora di Paulis, situées le long des vestiges d'une ancienne voie romaine, la s'istrada de sospadres, qui reliait l'abbaye de Paulis à celle de Santa Maria di Corte (Sindia). L'abbaye a été construite en 1205, alors que la région n'était encore qu'un marécage, grâce à un don du giudice de Torres aux moines bénédictins cisterciens. Elle est restée active jusqu'au XVe siècle. Les vestiges du cloître et d'une partie du couvent se trouvent à côté de l'église, qui avait trois nefs voûtées et une abside carrée. Une nouvelle église a été dédiée à Santa Maria en 1995, point de départ d'une procession en costume traditionnel vers les beaux vestiges de l'abbaye. Un autre lieu à visiter est la Funtana Manna, reconstruite à la fin du XXe siècle.
Le lac Cuga est un réservoir artificiel qui tire son nom du village qui se trouve à son fond et qui abrite des vestiges archéologiques visibles pendant la saison sèche, comme les restes du nuraghe de Peppe Gallu. Près de la rive se trouvent les ruines d'une dizaine de nuraghe datant de l'âge du bronze ancien (1700 av. J.-C.). Mais le nuraghe le plus important est de loin celui qui se trouve en plein centre ville : le complexe de Santa Caterina (Cadrina en Logudorese), composé d'un nuraghe et d'un village qui a été habité même à des époques ultérieures. Il s'agit d'un cas rare de nuraghe dans un centre urbain. Le nuraghe est composé d'une tour principale de 12 m de diamètre, qui ne mesure aujourd'hui que 2 m de haut, et de deux tours secondaires, entourées d'un mur qui forme une cour. L'ensemble est constitué de blocs de calcaire et de trachyte disposés en rangées régulières. Dans les environs du nuraghe, il y avait un village et un puits d'eau, et quelques huttes ont été mises au jour. Non loin de la ville se trouve la haute stèle de Pedra Longa, devant une tombe de Géant datant de l'âge du bronze moyen. Uri est restée habitée jusqu'à l'époque romaine.
San Leonardo di Siete Fuentes
Les origines de San Leonardo di Siete Fuentes, remontant au XIIe siècle, ne sont pas claires, mais sont certainement antérieures à Santu Lussurgiu, dont il est un hameau et qui se trouve à six kilomètres. Il a toujours été habité : sous les judicats d’abord de Torres, puis d’Arborea, dans les documents les plus anciens, il était indiqué en latin comme Ad Septem fontes. Pendant la domination espagnole, il devint Siete Fuentes et, à partir du XVIIIe siècle, Villa delle Sette Fontane. Aujourd’hui, les fontaines ne sont plus sept et la première partie du nom provient de l’ancienne et caractéristique église de san Leonardo, vestige d’un passé glorieux. Deux monastères et un hôpital de l’Ordre des Hospitaliers y ont également contribué ; ils possédaient la villa depuis le XIIIe siècle, avant l’avènement des Aragonais. Aujourd’hui, il n’en existe plus de trace mais, autour de la petite église, les maisons sont regroupées entre des espaces ouverts et des ruelles.
Autour du village niché au milieu d’épaisses forêts de chênes verts et de chênes-lièges sur les pentes sud-est de Montiferru, à près de 700 mètres d’altitude, vous ferez d’agréables promenades dans un parc agréable et ombragé, entre de petits lacs et des ruisseaux, formés par les sources, d’où jaillissent des eaux douces et saines. À l’intérieur du village, peuplé surtout pendant les périodes de fête et d’été, vous trouverez de nombreux arbres séculaires. Vous serez émerveillé par la beauté naturelle, la lenteur de la vie, le murmure permanent des sources. À environ un kilomètre du village, en parcourant un vieux chemin muletier pavé de pierre, vous arriverez à la spectaculaire cascade de s’Istrampu de sos molinos, qui a un dénivelé total de trente mètres, répartis en cinq sauts, le dernier d’environ 15 mètres.
Depuis 1906, le petit village de San Leonardo abrite début juin la Foire régionale du cheval, la plus importante du secteur en Sardaigne, dans un parc d’exposition qui accueille des activités d’équitation le reste de l’année.
Murtas
La ‘perle’ (jadis) interdite de la côte de Villaputzu : à l’intérieur du Champ de tir Interarmées du Salto di Quirra se cache une étendue de six kilomètres de sable à grains moyens et gros, mêlée à quelques galets, ourlée de grandes dunes, qui s’immerge dans des eaux très limpides et aux nuances d’un bleu clair intense. La longue et ample plage de Murtas, également connue comme plage de Quirra et s’Acqua Durci (dans l’étendue de plage où se jette le rio Quirra), probablement une des plus belles de la Méditerranée, a été soumise pendant vingt ans à des limitations qui en interdisaient en partie l’accès. Depuis 2016 l’espace libre et accessible a été élargi, bien que limité à l’été (de juin à septembre). La petite partie au nord de la plage est dédiée uniquement au personnel de la base, pour le reste vous pourrez profiter du littoral.
Étant situé au cœur de l’installation militaire, elle est toujours peu fréquentée. Ses fonds marins bas permettent aux enfants de jouer sur le rivage. Elle est également une destination idéale pour les surfeurs et est appréciée de ceux qui pratiquent la pêche sous-marine ou la plongée. L’îlot de Quirra se détache en face de la plage, juste derrière de petites dunes de sable, se dresse la tour portant son nom qui la surveille. Tout autour, le paysage est sauvage et fascinant, caractérisé par du maquis méditerranéen et des ‘miroirs’ lacustres, un cadre qui associe le soleil et la mer avec l’observation des oiseaux, le vélo et le trekking. Juste derrière la côte s’étendent les eaux de l’étang de Quirra et d’autres marais plus petits, peuplés habituellement par de nombreux oiseaux aquatiques rares, parmi lesquels le canard colvert, la talève sultane et le flamand rose. Ne manquez pas l’occasion de visiter également les restes du château de Quirra, remontant au Moyen-âge, la proche et caractéristique église de San Nicola di Quirra, les tours espagnoles, de nombreux nuraghes disséminés dans la zone, des ruines d’archéologie industrielle, comme la mine de Baccu Locci, et des grottes avec des galeries complexes, stalactites et stalagmites.
Vous atteindrez Cala Murtas en parcourant la ‘vieille’ route nationale 125 (panoramique orientale sarde) : elle se trouve à 14 kilomètres au nord de Villaputzu et c'est la plage la plus au nord de sa côte qui se caractérise par des étendues sablonneuses alternées avec de vastes promontoires rocheux et de belles criques. La plage la plus proche de l’agglomération est celle d’embouchure du Flumendos, avec des sables blancs et des eaux chatoyantes qu’elle partage avec Muravera et immergée dans un scénario écologique d’une grande valeur environnementale. Quatre kilomètres plus au nord vous trouverez deux autres ‘joyaux’ côtiers, Porto Corallo, en face du village touristique portant le même nom et à côté du petit port moderne, surmonté par une tour de guet espagnole et le magnifique Porto Tramatzu, homonyme de la tour de Teulada, avec du sable fin aux reflets dorés immergée dans la végétation du maquis méditerranéen.
San Serafino
Ils se dressent sur les pentes verdoyantes du haut-plateau de Perda ‘e pranu, qui se détache dans une anse du magnifique lac Omodeo. Le sanctuaire et le ‘novenario’ de San Serafino (ndt. Zone autour d’une église ou d’un sanctuaire champêtre où se trouvent des logements en pierre destinés à accueillir les pèlerins durant les neuvaines qui précèdent les fêtes religieuses célébrées dans ces sanctuaires particuliers), au cœur du magnifique territoire de Ghilarza, furent construits sur une église byzantine du VIIe siècle, à son tour édifiée probablement sur des vestiges romains, ce dont témoignent les céramiques de la fin de l’époque impériale retrouvées durant les travaux de restauration du sanctuaire (1950). À l’époque des Judicats, l’édifice byzantin fut reconstruit et agrandi. Il conserva son aspect médiéval jusqu’en 1884 quand deux chapelles latérales furent ajoutées, afin de prendre la forme cruciforme actuelle. La seule pièce rectangulaire est recouverte d’un toit en bois sur fermes clos avec une abside semi-circulaire. Il reste les décorations externes : sur la porte du treizième siècle de la façade, vous remarquerez une ouverture en forme de croix et un panneau avec l’Agnus Dei, tandis que dans la partie latérale sud, on trouve une porte en arc aigu, au-dessus de laquelle un arbre déraciné est gravé, probablement le blason le plus ancien du judicat d’Arborea. Un San Serafino (Saint-Séraphin) avec des ecclésiastiques et des personnages de haut rang est représenté sur l’architrave. Le pupitre dont il reste aujourd’hui une belle colonne en trachyte, avec en relief des visages angéliques et l’image iconographique de la vigne, des motifs typiques de l’art mineur sarde, remonte au XVIIe siècle.
Autour de l’église on trouve des sas muristenes, des ‘maisonnettes‘ pour accueillir des fidèles et des étrangers, construites au XVIIe siècle : le ‘novenario’ de San Serafino en compte 103 ; elles sont habitées et très fréquentées durant les neuf jours de célébrations en son honneur. Le sanctuaire riche en références sociales et culturelles, exprime le sens profond d’une communauté, en retenant des échos et des suggestions séculaires. Vous respirerez un air de paix et d’intimité lors de la fête de san Serafino (Saint-Séraphin). La procession passe à travers toutes les muristenes. Les enfants précèdent le saint en toquant à chaque maisonnette et annoncent son arrivée. On récite les neuvaines, on chante sos gosos, les chants religieux traditionnels et on dîne : quand les cloches cessent de sonner, c’est l’annonce du retour du saint dans l’église et le début des danses.
Sa Stiddiosa
«Un coin de paradis», «un paysage tropical», «une cascade unique», «jamais vu quelque chose comme ça», «une expérience fantastique», «un enchantement», «pure magie», «Un bout de Sardaigne à conserver dans les yeux, dans le cœur et sur la peau pour toujours». Voici les commentaires de ceux qui ont visité sa Stiddiosa, un chef-d’œuvre de la nature le long du cours du fleuve Flumendosa, situé sur le territoire de Gadoni, qui se trouve à quinze kilomètres, juste à la limite avec celui de Seulo, un bourg situé à environ huit kilomètres de la cascade merveilleuse et particulière.
Le nom signifie littéralement ‘ruisselante’ et dérive de is stiddius, à savoir l’effet des gouttes d’eau qui tombent, et - dans ce cas - créent une cascade. En fait, plus qu’une cascade, c’est une ‘bruine’, un égouttement très serré, qui descend d’une source karstique supérieure. Les gouttes précipitent le long d’une paroi rocheuse lisse imposante, perpendiculaire au lit du fleuve, caractérisée par d’énormes concrétions calcaires - déposées par l’écoulement continu de l’eau et recouverte de plantes hydrophyles, surtout la Capillaire de Montpellier. L’eau de source se divise en mille rigoles, déviée par des concrétions et la végétation, le résultat est la bruine qui précipite avec une ‘stillation’ dense en hiver et ‘calme’ en été. La chute termine dans un petit lac d’eau vert émeraude en bordure de la rive droite du fleuve, où durant la belle saison vous pourrez vous baigner pendant que vous assistez au spectacle. La paroi ruisselante est un lieu vierge et sauvage à 300 mètres d’altitude, niché dans l’étroite vallée du Flumendosa recouverte de bois de chênes verts. Pour vous y rendre vous parcourrez un long chemin en terre, ensuite, après avoir garé la voiture, vous continuerez à pied - avec des chaussures de trekking – pendant environ un kilomètre de descente le long d’un sentier muletier sur le flanc de la vallée entre arbousiers et phyllireas. En bas, le fleuve coule lentement, il est fermé en aval par une digue qui forme le lac Flumendosa. Le parcours est légèrement fatiguant, surtout en montée, mais il en vaut la peine. À la fin de la descente sa Stiddiosa vous apparaîtra dans toute sa splendeur. D’autres paysages d’eau magiques caractérisent Seulo, un bourg de montagne accueillant. Le plus célèbre monument naturel est su Stampu ‘e Su Turrunu, un phénomène particulier qui comprend un gouffre, une grotte et une résurgence avec cascade et petit lac, plongé dans la végétation dense de la forêt d’Addolì, à la limite avec Sadali. Tandis qu’à is Caddaias, partagés avec le territoire de Gadoni (où ils prennent le nom de sa Pischedda), les rochers, modelés par le Flumendosa – qui traverse 27 kilomètres du territoire de Seulo - apparaissent comme de grands bassins d’où ils jaillissent des rapides. Forau Murgia est une autre magnifique piscine naturelle au milieu de la forêt créée par le fleuve qui accomplit également de nombreux sauts, générant ainsi les cascades de Piscina ‘e Licona. Au cours des millénaires, l’écoulement de l’eau a creusé des grottes karstiques, habitées dès la préhistoire. L’eau et le vent se sont ‘amusés’ en modelant les contours de s’Arcu ‘e su cuaddu, un dolmen naturel, sous lequel une domus de Janas a été creusée. Parmi les autres trésors archéologiques notons trois nuraghes, deux proches : le plus petit, su Nuraxeddu, et le plus grand, su Nuraxi ‘e Pauli et un troisième nuraghe Ticci avec les restes d’un grand village. Seulo est appelé le village de s’orrosa ‘e padenti, à savoir la pivoine rose qui peint en rouge et jaune, avec les premières chaleurs printanières les pentes abruptes du mont Perdèdu, qui domine l’agglomération. En avril vous pourrez assister au splendide spectacle à Sa Funtana ‘e su predi.
La Prisgiona
Un voyage dans un passé lointain, entre ingéniosité et splendeur, à la découverte d’un monument majestueux entouré de végétation méditerranéenne. Le ‘géant de pierre’, La Prisgiona, réécrit petit à petit la période nuragique, en révélant les mystères qui l’entourent. Les dimensions, l’architecture et la position évoquent le rôle de premier plan du site, un unicumen en Gallura, qui compte parmi les plus fascinants de l’Île. Il fut une référence pour un vaste territoire, une sorte de métropole de cette époque, formée d’une forteresse, un énorme village et un monument funéraire. La vie du complexe, construit sur une précédente structure ‘en corridor’, couvre une longue période (XIVe-VIIIe siècles av. J.-C.), suivie par une brève fréquentation à la fin de l’époque romaine (IVe-Ve siècles ap. J.-C.).
La Prisgiona est la perle archéologique d’Arzachena, hissée sur un relief granitique qui domine la vallée de Capichera, à dix minutes de la petite ville et tout près des plages de la Costa Smeralda et du glamour de Porto Cervo. Un panorama spectaculaire de collines ‘brodées’ de vignobles de vermentino qui sert de fond au nuraghe, composé d’une tour centrale (donjon) et de deux tours latérales reliées par un bastion curviligne. Vous verrez, à la base, des blocs à peine ébauchés et disposés irrégulièrement, tandis qu’au fur et à mesure que l’on monte les blocs deviennent plus élaborés, et les rangées plus ordonnées. Sa majesté est décrite par l’architrave d’entrée, de trois mètres de long et d’un poids de sept tonnes. Le vestibule mène à droite à une niche, à gauche à un escalier pour le premier étage et, au centre, à une chambre circulaire, de presque sept mètres de haut, munie de trois petites niches et couverte en tholos (fausse coupole).
Un mur-rideau imposant entoure la tour centrale et englobe les deux tours latérales. Il est protégé à son tour par un rempart, érigé lors d’une seconde phase. Les deux murailles délimitent une grande cour. Au centre un puits garantissait l’approvisionnement en eau du complexe. D’une profondeur de sept mètres, il fonctionne encore ! À côté, durant l’âge du Bronze final, on construisit la ‘cabane des réunions’, dotée de banc en anneau, sur lequel s’asseyaient les personnalités les plus influentes de la communauté. Outre les bols, le sipulum et la lampe, on y a découvert une cruche d’un demi-mètre de haut, d’une forme inusuelle et aux décorations inédites, utilisée très probablement pour distiller et administrer une boisson spéciale, destinée aux personnes participant à des assemblées politiques et à des rites religieux. Dans le puits on a trouvé de nombreuses pièces céramiques précieuses, qui dessinent des scènes de la vie quotidienne : des fourneaux, casseroles, pots, tasses et instruments de filage. Les cruches utilisées dans la cabane des réunions ont contenu également du vin, ce qui confirme l’existence de la viticulture en Sardaigne il y plus de trois mille ans.
Vous poursuivrez la visite à l’extérieur de la muraille, le long des ruelles pavées qui séparent les presque cent cabanes du village, distribuées en petits blocs et en grande partie encore à découvrir. L’étendue considérable du village (cinq hectares) et les variantes architecturales laissent supposer qu’il s’est développé et a changé plusieurs fois. Des fouilles et des pièces ‘racontent’ qu’il était habité par une communauté leader sur le territoire, organisée et dynamique, qui nouait des rapports avec les villages voisins et commerçait des produits fabriqués à grande échelle avec d’autres peuples de la Méditerranée. De récentes études ont révélé une spécialisation des activités productives : certaines cabanes étaient destinées à la préparation et à la conservation d’aliments (pain et céréales), d’autres à des activités artisanales. Un bloc s’est révélé être un laboratoire de céramique avec un four, une dispense et des traces de travail d’un potier. Une fois la visite au village terminée, vous parcourrez un kilomètre le long du ‘sentier des géants’, jusqu’à la tombe de Coddu Vecchju, une sépulture de l’âge du Bronze ancien (XIXe-XVIIe siècles av. J.-C.). Au centre de l’exèdre de dalles granitiques se dresse une stèle cintrée de quatre mètres de haut, dont la décoration est en forme de corniche.
Le témoignage le plus ancien du parc archéologique d’Arzachena est la nécropole Li Muri (fin du IVe millénaire av. J.-C.), formée de quatre cercles en pierre, un type unique dans l’Île. Un cinquième cercle est devenu une sépulture collective au cours de l’âge du Bronze. Vous découvrirez ensuite deux autres tombes de Géants : Li Lolghi, avec un corridor funéraire de 27 mètres, et Moru, liée au proche Albucciu, un intéressant mélange entre proto-nuraghes et nuraghes en tholos. L’étape suivante est le temple original en mégaron de Malchittu, avec un atrium et une chambre rituelle. Le long du sentier qui y mène, vous serez impressionné par la façon dont le mistral a modelé les rochers granitiques dans des formes singulières
Argentiera
Un paysage insolite à mi-chemin entre Alghero et Stintino: des installations minières abandonnées et un bourg (quasiment) inhabité entourés de falaises argentées et baignées par les reflets scintillants de la mer. L’Argentiera conserve le charme primordial et mystérieux d’un lieu figé dans le temps. L’épopée minière se conclut entre les XIXe et XXe siècles, elle est aujourd’hui un des sites européens d’archéologie industrielle les plus significatifs, ainsi que suggestifs, qui fait intégralement partie du parc géo-minier de la Sardaigne et reconnu patrimoine de l’Humanité par l’Unesco. Les ruines coexistent avec de nouveaux édifices avec, autour des parois rocheuses à pic, des montagnes de scories d’extraction et des criques accessibles à travers des sentiers dans la nature vierge. Un cadre spectaculaire qui, en 1968, fut le plateau de la scène initiale de ‘La scogliera dei desideri’ (Boom), avec Betty Taylor et Richard Burton, et est actuellement une destination de trekking.
C’est un hameau de Sassari, qui se trouve à 43 kilomètres, l’Argentiera a été le théâtre de régénération environnementale et rénovation urbaine, en devenant depuis 2019 un musée innovant à ciel ouvert. Après avoir parcouru les routes nationale 291 et provinciale 18, vous vous trouverez sur la place centrale du bourg qui comptait, à son apogée, deux-mille habitants. Aujourd’hui quelques dizaines de personnes y vivent toute l’année. Une station balnéaire jamais très fréquentée, pas même l’été, où règnent le silence et une atmosphère magique.
Le nom dérive du minéral extrait et de la couleur des rochers. Avec la proche Canaglia, elle a représenté la principale zone de minerai de la Sardaigne du nord, grâce à de riches gisements de plomb et de zinc argentifères, connus dès l’Antiquité. Au début du XIXe siècle, de nombreux spéculateurs en furent attirés, parmi lesquels, Honoré de Balzac qui y accomplit une exploration tant aventureuse qu’inutile en 1838. Deux ans plus tard, l’ouverture officielle de la mine eut lieu, même si l’activité commença en 1867 et dura un siècle. Une histoire constellée d’éboulements et d’accidents, en raison de l’érosion. C’est là que travaillaient 400 ouvriers dont les masures en amont sont plus anciennes que l’agglomération qui s’est développée près de la mer. À la fin du XIXe siècle, la société Correboi du baron Podestà donna un nouvel élan : les galeries furent prolongées et munies de rails, on construisit un nouveau ponton et on creusa un pont : pour la première fois on extrayait sous le niveau de la mer, jusqu’à 333 mètres. En attendant les conditions de vie s’améliorèrent, la communauté disposa d’infirmerie, crèches, hôtellerie et magasin. Au début du XXe siècle, au-dessus de Porto Palmas, on construisit Cala Onano. Puis il y a eu le passage à la société Pertusola : on ajouta un cinéma, un afterwork, la nouvelle résidence du directeur, l’église de Santa Barbara et le grand lavoir en bois pitchpine, un des monuments miniers les plus singuliers. Après la seconde Guerre Mondiale, le nombre de résidents atteint son apogée, le quartier La Plata naquit, mais la production commença à rencontrer des difficultés. Une crise de vingt ans mena à la cessation de l’activité en 1964 et à la fermeture des installations trois ans plus tard.
Récemment le puits et le lavoir ont été assainis et restaurés, les installations et les édifices ont été sécurisés. Un escalier descend de l’église le long des cultures en terrasse éclairées et constellées d’oasis d’essences méditerranéennes À la fin des terrasses une esplanade accueille chaque année, à la fin juillet, un festival littéraire. L’Open MAR, le premier musée minier à ciel ouvert poursuivit l’ouvrage de réaménagement, avec un parcours à travers les maisons et les installations dans lequel vous pourrez admirer des installations utilisables en mode numérique.
Valle di Lanaitto
La 'porte' la plus accessible des reliefs escarpés du Supramonte, célèbre pour des sentiers compliqués autrefois connus seulement des bergers et des charbonniers, aujourd’hui itinéraires de trekking qui mènent à des trésors naturels et archéologiques. La vallée de Lanaitto est nichée dans un cadre enchanteur sur les territoires d’Oliena et Dorgali, entre d’imposantes crêtes calcaires qui ont généré des dolines, canyons, flèches et grottes. Ce serait un paysage lunaire s’il n’était pas recouvert de forêts luxuriantes aux mille nuances de vert : des chênes verts, des térébinthes, des érables, des oliviers sauvages et des genévriers séculaires embrassent des chemins de terre et sinueux. Le silence n’est rompu que par les bruissements des feuilles. Entre des monuments naturels, des sites préhistoriques et des pinnettos - abris des bergers devenus refuges pour trekkeurs - il est facile d’apercevoir des mouflons ou d’observer le vol des aigles. Emportez des chaussures de randonnée, un sac à dos, une gourde d’eau et n’oubliez pas votre smartphone et vos jumelles.
En partant d’Oliena, après le pont sur le lac Cedrino, la source su Gologone est la première étape spectaculaire de l’excursion à Lanaitto, juste avant l’entrée de la vallée : des eaux très claires jaillissent d’une profonde fissure. Tout autour l’ombre des eucalyptus, lauriers roses et saules accompagnera les pique-niques et la détente. Vous descendrez ensuite à pied dans un bassin vert gardé par des parois connues des grimpeurs : devant vous la toile de fond calcaire du mont Corrasi, derrière les colonnes basaltiques du plateau du Gollei, la 'cathédrale gothique', œuvre de la nature. Un sentier bordé d’arbres mène aux entrées des grottes sa Oche e su Bentu, reliées entre elles et qui comptent les plus longues d’Europe, et paradis pour spéléologues. A l’intérieur, des phénomènes karstiques ont créé des tunnels qui ont des kilomètres de long, des salles d’une hauteur maximale de cent mètres, décorées de stalactites et stalagmites, lacs souterrains et plages de sable. Sa Oche signifie 'la voix', en réalité, un grondement résonne à l’intérieur quand, pendant les pluies abondantes, les courants d’eau s’écoulent en inondant la vallée. Le même torrent souterrain impétueux a creusé su Bentu (le vent), plusieurs fois théâtre de cours de survie pour astronautes. À Lanaitto les grottes sont les témoins des premiers Homo sapiens dans l’Île. Dans la grotte Corbeddu, juste au sud des deux autres, des os humains datant de treize à sept mille ans ont été retrouvés, ainsi que des animaux désormais disparus. La cavité a été le refuge secret du bandit gentilhomme Giovanni Corbeddu Salis durant sa cavale (1880-1898). On raconte que 'le roi du maquis' volait aux riches pour distribuer aux nécessiteux et avait installé dans la grotte un 'tribunal' où les suspects étaient jugés seulement avec des preuves certaines de culpabilité. Après avoir quitté la grotte, vous arriverez au village nuragique tardif de sa Sedda ‘e sos Carros. Ses cabanes entourent un puits sacré en pierres de basalte foncé et calcaire clair, unique en Méditerranée. L’eau qui jaillissait de neuf têtes de mouflons sculptés sur la pierre et se recueillait dans un bassin circulaire à gradins, pouvait être utilisée pour les liturgies. La dernière étape du tour de la vallée est le mont Tiscali, au sommet duquel se cache un village nuragique, formé de cabanes circulaires de l’âge du Bronze et rectangulaires probablement transformées à l’époque romaine. Depuis Oliena, village célèbre pour son artisanat, son huile d’olive et son vin Nepente, d’autres itinéraires intéressants atteignent le sommet du mont Maccione, Scala Pradu, une ‘terrasse’ donnant sur les sommets du Corrasi, et su Campu de Orgoi, plateau enchâssé dans la montagne, d’où la vue s’étend jusqu’aux Supramonte d’Orgosolo, Urzulei et Baunei.
Galerie Henry
Un labyrinthe de tunnels creusés dans la roche qui s’ouvrent de façon spectaculaire sur des panoramas à pic sur la côte sud-ouest de l’Île. La visite à la galerie Henry est un voyage dans le temps à l’intérieur de la mine de Pranu Sartu, la plus célèbre et productive de Buggeru, à l’aller à bord d’un petit train électrique sur le parcours du vieux chemin de fer à vapeur, au retour à pied le long de la vieille galerie ‘piétonne’, autrefois parcourue par des bêtes de somme. Les cheminements creusés dans la roche parcourent toute la falaise : certains tronçons sont dans l’obscurité, interrompue de temps en temps par la lumière provenant d’énormes fenêtres extraites de la paroi de la montagne et donnant sur la mer. La vue la plus spectaculaire se trouve à la fin du parcours : vous vous pencherez 50 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur un panorama à couper le souffle qui domine la côte et les maisons du village.
Les fouilles de la galerie concerneront les trois dernières décennies du XIXe siècle. Pour l’époque il s’agissait d’une œuvre d'ingénierie futuriste, comme la galerie de Porto Flavia. Les dimensions considérables de la 'Henry' découlent de l’utilisation, depuis la fin du XIXe siècle, d’une locomotive à vapeur qui traversait et permettait le transport des minerais bruts des chantiers souterrains aux laveries et ensuite au petit port, où les minerais nettoyés étaient embarqués sur les bateaux.
L’exploitation du site, entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, transforma d’un coup un petit village de paysans et de pêcheurs, en un des principaux centres de l’épopée minière. La ‘révolution’ industrielle fut plus soudaine que dans d’autres sites de l’Iglesiente et de la Sulcitana. Aujourd’hui, grâce également à la valorisation de l’archéologie industrielle, Buggerru est un des huit sites qui composent le parc géo-minier de la Sardaigne, reconnu par l’Unesco, ainsi qu’une belle localité avec des paysages côtiers admirables parmi lesquels l’inimitable Cala Domestica et la magnifique plage de la ville.
Les mines étaient des lieux de souffrances, où s'est développé le plus haut niveau de solidarité entre ouvriers et conscience de classe. Pranu Sartu, notamment, est le symbole de la lutte ouvrière, théâtre en 1904 du célèbre massacre de Buggerru. Les mineurs, exploités jusqu’au bout de leurs forces, ‘osèrent’ mettre en scène une grève historique, la première dans l’histoire industrielle de l’Italie. La compagnie minière riposta en appelant l’armée. Au jet de pierres des mineurs les soldats répondirent en faisant feu : trois ouvriers moururent et onze autres furent blessés. D’autres grèves découlèrent de cet épisode dans toute l’Italie. En entrant dans la galerie, vous percevrez un silence respectueux, interrompu par le bruit de ferraille des wagonnets : dans l’obscurité et dans le froid, vous imaginerez les détails atroces vécus par des hommes d’antan qui, au prix d’effort et de souffrance, permettaient une vie à peine décente à leurs familles.
Funtana Raminosa
Une grande page d’histoire : ici les peuples nuragiques extrayaient le composant essentiel du bronze, qui était fondu pour modeler de petites statues, des outils, des bijoux et des armes. Funtana Raminosa, qui compte parmi les gisements de cuivre les plus riches en Europe, est une des huit zones qui composent le parc géo-minier de la Sardaigne, inclus parmi les Géoparcs de l’Unesco, c’est un musée à ciel ouvert et en souterrain, pouvant être visité sur réservation, avec des machines opérationnelles à l'avant-garde à l’époque et actuellement en excellent état de conservation. Le ‘puits de cuivre’ s’étend sur une surface d’environ 150 kilomètres carrés et se trouve à dix kilomètres de Gadoni, un village de montagne immergé dans la Barbagia di Belvì, dont il représente l’histoire, l’économie et l’identité.
Protagoniste dès la préhistoire de la métallurgie de la Méditerranée, après les peuples nuragiques, le site fut exploité par les Phéniciens et les Carthaginois, puis par les Romains : c’est de leur époque que datent des ustensiles et un lingot que l’on a retrouvés ; on a découvert également les restes d’un mineur remontant à l’âge impérial. C'est aux héritages anciens que font référence deux des actuels 150 ‘tunnels’, les galeries Fenicia et Romana. La zone fut probablement fréquentée par les Sarrasins, au VIIIe siècle.
Les galeries romaines furent découvertes par les explorateurs de la fin du XIXe siècle, tandis que la ‘véritable’ activité industrielle date du début du XXe siècle. Au cours de quasiment tout le siècle les protagonistes de l’‘âge du bronze’ moderne ont été les entreprises espagnoles, belges, françaises, italiennes et même américaines. En 1936, la mine passa à la Société Anonyme Funtana Raminosa, qui favorisa la naissance d’un village minier avec une école, un dispensaire, un magasin, la chapelle dédiée à Sainte Barbara. Dans les années Cinquante 300 ouvriers travaillaient dans l’établissement, jusqu’aux années Soixante, quand la crise minière commença, avec la fermeture de nombreuses installations. On a tout essayé pour sauver l’activité, une installation de traitement du minerai de mille tonnes par jour fut même réalisée. Entrée en service en 1982, elle fonctionna à peine huit mois, puis ce fut le coup de grâce : Funtana Raminosa ferma en 1983. Aujourd’hui les anciens mineurs sont des guides à la découverte des installations, depuis 2020 elles sont ouvertes au public : armé de casque, vous écouterez leurs témoignages et observerez les chantiers d'extraction avec des installations de traitement du minerai, une partie des 150 galeries, des fouilles à ciel ouvert, la laverie conservée dans l’état dans lequel elle a été laissée le dernier jour de travail, des fragments d’histoire minière qui se succèdent entre les galeries, comme si le temps s’était arrêté. Le long des routes vers l’entrée de la mine, vous verrez le village, avec des logements mitoyens et des services, des bureaux à la cantine, de l’église à l’école, de l’infirmerie au magasin, jusqu’au petit édifice de la direction qui domine les installations sur une petite colline. Tout autour, un paysage féérique, sculpté au cours du temps, qui entrelace une nature superbe et des architectures industrielles.